La recherche de la simplicité hante notre imaginaire et cadre notre rapport aux choses. Norme ultime des systèmes d’organisation et de production, elle est en même temps le mantra de nouveaux visionnaires qu’on aurait du mal à rapprocher : écologistes et managers, influenceurs et philosophes de terrain… Décroissance, agilité, zéro déchet, experience design, entreprise libérée, ubérisation… autant de déclinaisons de la “simplicité », dont la définition est donc loin d’être simple !
D’un côté, qui dit “simplifier” dit “changer” à savoir avoir à disposition les moyens pour décomplexifier un système donné. La “simplicité”, serait-elle le dernier luxe des sociétés angoissées par leur propre collapse ?
La simplicité, le luxe suprême
Cette idée de la simplicité comme d’un bien “élitiste” n’est pas d’aujourd’hui. Leonardo de Vinci par exemple s’appuyait sur une méthode visant la “simplicité” pour ses inventions mécaniques et ses créations artistiques. Simplifier serait-donc un véritable savoir destiné aux savants ?
« La simplicité est la sophistication suprême » – Léonard de Vinci
Le succès des influenceurs démontre le contraire : si leur raison d’être (médiatique !) dépend aussi de la vulgarisation scientifique, comme l’argumente le youtuber Monsieur Phi, “simplifier” serait donc une technique rendue possible par une finalité pédagogique ? En effet, notre quotidien est marqué plutôt par la complexité (la liberté, le hasard…).
« Je préfère parler des arguments plutôt que des auteurs ! » – Monsieur Phi
Or, les expériences non-ordinaires, voir extrêmes comme celle de la vie en prison, questionnent les deux équations : simplicité = sophistication et simple = accessible. Les contraintes, les manques et les absences peuvent au contraire provoquer l’ouverture d’esprit et l’avenir d’une autre forme de simplicité, celle d’un rapport essentiel à soi et à ses propres besoins.
« En prison, la philosophie ramène l’homme à l’intime, à ses violences et à son expérience » – Robert Bachelot
Cela nous ramène à l’essentiel des “petites choses”, au petit bonheur fait de gestes et envies les plus prosaïques… Comment alors appliquer et pratiquer la “simplicité” de ce qu’on pourrait appeler le vivre-simplement avec soi même ? C’est autour de la saisie de l’instant présent que Horace nous invite à agir…