Quoi ?
Pour me construire en tant qu’individu, je dois faire des efforts vis-à-vis de moi-même, me différencier des autres. Nietzsche ajoute « Fais ce que toi seul peut faire ». Il s’agit donc de la question de la construction de soi. Il nous invite à déployer des efforts pour faire des choses dans le monde, à se découvrir par là-même, à cheminer, et à avoir le courage de se transformer face aux événements de la vie.
Cette citation de Nietzsche est une reprise de la célèbre phrase du poète lyrique grec Pindare (5ème siècle av.JC): « Deviens ce que tu es ». A l’époque des grecs, le processus de construction de soi était très important, il passait par beaucoup de pratiques individuelles et collectives qui nécessitaient effort et patience: apprentissage des arts, des sports, des joutes oratoires, de la politique… La phrase de Pindare s’inscrit dans ce contexte.
Pourquoi ?
Nous les humains, sommes des êtres qui avons à être. La nature ne nous a pas dotés de chemins de vie prédéterminés sans possibilité d’en dévier, comme chez les animaux par exemple, dont l’instinct les commande. Notre « moi » est contenu dans l’ensemble des choses que nous accomplissons dans notre vie. Cette absence de définition a priori de notre être nous oblige à nous accomplir à travers certaines voies et réalisations pour notre existence.
Notre accomplissement de nous-mêmes se situe donc devant nous.
Cela veut dire que nous nous construisons aussi au sein d’un certain milieu : avec des personnes, des objets, des lieux qui nous entourent.
Devenir soi, passe donc par la façon toute particulière de chacun de se projeter dans son propre avenir et sa vie, toujours avec les autres et dans un contexte : je ne peux pas devenir moi sans les autres et inversement, ce n’est pas une philosophie individualiste. Cela veut aussi dire: tu n’es pas seul dans le processus.
Qui ?
Cette citation s’adresse à tous les paresseux, les fatigués par l’existence, mais aussi à tous ceux qui se sentent submergés par leurs émotions et qui ont l’impression de passer à côté de leur vie.
« Fais ce que toi seul peut faire » : l’idée est bien de faire l’effort d’un certain courage pour évoluer, pour s’assumer, se construire et progresser.
Comment ?
En commençant par lutter contre la paresse, car elle empêche de se développer.
C’est une peur de se transformer et de se voir changer, pourtant toute évolution et construction de soi passe par là alors n’aie crainte et lance-toi.
Nietzsche nous propose d’embrasser ce qui nous arrive, de s’en saisir pour se constituer : je me blesse dans un accident, je perds l’usage de certains doigts, je vais embrasser ma condition au point d’en faire une nécessité et devenir un grand guitariste de jazz, comme ce fut l’histoire de Django Reinhardt souvent citée et commentée par Bernard Stiegler (à lire ici). « Deviens ce que tu es » prend alors tout son sens : en tant qu’être humain, je peux tout être, mais il faut que j’en fasse l’effort pour me construire, ne pas céder à mes pulsions, accepter mes défauts, mes failles, et me construire à partir de ce qui m’arrive.
Ce qui donne…
Sois courageux :)
l’être est en interdépendance de l’autre . Sa construction physique mais surtout intellectuelle se construit en interaction avec l’autre . Deviens ce que tu es passe par d’abord par comprendre là où je me situe et construis .
Depuis son enfance, l’humain exploite sa « volonté de puissance » jusqu’au moment triste de l’échec; il a alors en plusieurs fois de sa vie, l’appel à une décision: la paresse (l’abandon) ou la confrontation (la poursuite de sa volonté de puissance). La paresse est le début de la mort, la confrontation est l’apprentissage de l’amour. Il peut ne rien apprendre vraiment de l’amour dans cette volonté de puissance s’il n’est pas animé de l’humilité nécessaire à reconnaître ses limites à ne pas transgresser. En cela, la paresse peut être une occasion de réflexion à ne pas négliger. C’est là une dualité à bien saisir et à marier.
c’est l’identité que l’on nous donne et celle qui est la notre socialement qui correspond pas toujours à notre moi, les psychanalyste Jungiens l’appelle l’individuation