Quoi ?
Plutôt que de penser les désirs comme des sources de tristesse, Saint-Augustin propose d’y voir la clé de notre accès au bonheur. Pour être heureux, il ne faut pas satisfaire tous ses désirs, ni arrêter de désirer, mais plutôt parvenir à désirer ce qu’on possède déjà. Si cet effort peut à première vue paraître antinomique, voire même impossible, c’est qu’il faut justement réinventer notre rapport au désir.
Avez-vous déjà souhaité obtenir quelque chose que vous déteniez déjà ? Par exemple, désirer manger un éclair au chocolat pendant que vous êtes justement en train de le manger, ou désirer trouver un nouveau travail lorsque vous signez votre contrat d’embauche ? Il y a ici un paradoxe que Saint-Augustin utilise afin de comprendre notre accès au bonheur.
Comprendre ce qu’est le bonheur est au coeur de toute philosophie éthique. Il ne s’agit pas simplement de mieux utiliser sa raison pour comprendre le monde, mais surtout et avant tout de rendre cette compréhension du monde « pratique », en l’incarnant dans des actions du quotidien qui nous rendent meilleurs et nous permettent d’accéder à « la vie bonne ».
Pourquoi ?
Habituellement, on définit le bonheur comme un état d’accomplissement atteint lorsqu’un homme satisfait tous ses désirs. L’originalité de la définition du bonheur par Saint-Augustin repose sur le renversement du paradoxe inhérent au désir :
Le désir caractérise un état d’insatisfaction, au cours duquel quelqu’un va s’efforcer d’obtenir quelque chose qui lui manque. Par exemple, la faim ou la soif sont des désirs primaires que l’on satisfait en mangeant ou buvant.
Le problème majeur de la condition humaine, c’est que la satisfaction est toujours temporaire, et que l’homme ne fait que passer infiniment de désir en désir tout au long de son existence. Désirer, c’est chercher à combler le manque qui accompagne chaque existence finie.
Au lieu d’en conclure une impossibilité à satisfaire ses désirs, et donc à être heureux, Saint-Augustin propose de renverser notre rapport aux désirs en continuant à souhaiter obtenir et conserver ce que l’on possède déjà.
Qui ?
- Les éternels insatisfaits : pourquoi nous manque-t-il toujours quelque chose pour atteindre le bonheur ?
- Ceux qui se séparent trop vite de ce qu’ils possèdent : pourquoi cesse-t-on de désirer une chose dès lors que nous la possédons ?
C’est flagrant dans les relations amoureuses et charnelles où le désir pour une personne diminue (ou même disparaît) au moment où l’on prend conscience de « posséder » cette personne, ou d’être suffisamment désiré pour ne plus être mis en danger dans notre relation. Lorsqu’il n’y a plus de défi ou d’enjeux, lorsqu’il n’y a plus d’effort à faire, on cesse de désirer.
Comment ?
Le secret de la vie heureuse réside dans la prise de conscience de la richesse de ce que l’on possède. D’ailleurs, c’est en comprenant que ma vie et mes biens sont fragiles et variables que je ferai mon possible pour ne pas les perdre en continuant à les désirer.
Je pourrais croire que je n’ai plus besoin de désirer une personne qui m’offre généreusement son amour, mais ce serait oublier que chaque relation est précieuse car toujours incertaine. La vie nous oblige à réinventer à chaque instant nos manières d’agir et de désirer.
Ce qui donne…
Le bonheur ? Il est déjà entre vos mains, alors efforcez-vous de le conserver !
Merci ! Quel bienfait que de lire cette citation suivie de son commentaire.
Plus que jamais à cet instant, à ce jour, à cette période de notre vie quotidienne, elle a sa place et toute sa raison d’être lue et méditée. Elle est douce au coeur, et apaisante à l’esprit .Elle porte le sagesse.
Nous sommes dans une permanente intranquillité…qui ne laisse que peu de place à l’observation, à la réflexion, au silence. « Il est où le bonheur ? il est où? » à cette interpellation joliment chantée , je répondrai qu’il est là pour moi ce matin , dans cette lecture en regardant tomber la neige
Le bonheur c’est de continuer à désirer ce que l’on possède. Déjà, pour désirer ce que l’on possède il faut commencer par SAVOIR ce que l’on possède. Et pour désirer ce que l’on possède il faut se donner la peine de savoir ce que l’on possède. Et en faisant l’inventaire de ce que je possède dans un premier temps je me rends compte que j’ai bien plus que ce que je crois et parfois j’ai même ce que je cherche à l’extérieur. Et une fois que je me suis donné la peine d’inventorier ce que j’ai, je peux continuer à les désirer en me posant la question de savoir qu’est – ce que je peux faire avec tout ce que j’ai. Une fois que j’ai la réponse je peux encore me demander qu’est ce qui me manque pour faire ce que j’ai a faire. Une fois que j’ai ce qui me manque je peux commencer à travailler. Donc ce qui me manque en faite c’est moi, c’est ma capacité à penser et rien d’autre.