Chronique d’Automne – Coin Lectures

Selon la formule consacrée : « Winter is coming » ! À l’approche de l’hiver, il est toujours bon de prévoir une liste d’ouvrages à déguster. À défaut de pouvoir s’en faire une couette, ils tiendront chaud à l’esprit par leur profondeur, leur questionnement et leur capacité à créer l’étonnement. Vous pourrez ainsi découvrir qu’une Pause Philo peut tout à fait vous inviter à philosopher sur le déménagement, l’émancipation, la relation à l’Autre et enfin d’envisager le monde sous un autre angle. Bonnes lectures à toutes et à tous !

Pendant la pandémie et les multiples confinements que nous avons toutes et tous connus, nous avons parfois redécouvert l’espace « habitation ». Alors que nous connaissions par cœur l’intérieur de notre espace de vie, certains ont décoré différemment, d’autres ont souffert de cet espace « trop » ou « pas assez ». Certains ont alors envisagé de déménager et quelques-uns sont même passés à l’acte. C’est dans cet optique particulière que Thibaut Sallenave nous offre une véritable « Philosophie du déménagement » dans son ouvrage Changements d’adresse (Ed. De L’Aube, 2022). Qu’il soit salvateur ou subi, un déménagement c’est à la fois se déplacer avec soi et abandonner une partie de nous-même. L’auteur nous invite à repenser ce que nous avons toutes et tous connu à un moment donné de notre vie et qui engendre bien plus qu’un simple changement d’adresse, celle d’une cartographie de notre vie et de notre histoire où se mêlent passé, présent et futur.

Est-il encore possible de penser l’émancipation ? Voici la question à laquelle tente de répondre Jacques Rancière dans Penser l’émancipation (Ed. De L’Aube, 2022). Au travers des questions d’Aliocha Wald Lasowski, un dialogue se crée entre les deux hommes pour parler liberté, politique, démocratie. En cherchant à redéfinir les paradigmes qui fondent nos sociétés, ils dialoguent sur les mouvements du monde et des sociétés afin de les comprendre, de redonner les contours de ce qui semble parfois perdu : le sens des mots et des maux. Le cheminement esthétique de Jacques Rancière est également mis en lumière, au travers de ses thèmes de prédilection : la politique, l’art et les clichés qu’ils véhiculent. Penser cette émancipation, c’est sans doute se libérer des carcans réducteurs d’utopies et de transformations. Une cogitation à deux voix qui permet également une réflexion critique.

Quoi de mieux que l’anthropologie pour comprendre ce qui fait société et ce que devrait être le « vivre ensemble » ? Ce fut tout l’enjeu des recherches et de la vie de Françoise Héritier. Dans un ouvrage au titre éponyme (Ed. Albin Michel, 2022), Laure Adler nous brosse un portrait émouvant de son amie disparue en 2017, mais aussi des combats toujours justes et intellectuellement sans faille d’un féminisme universel et inspiré. Parcours de vie et de rencontres, nous suivons pas à pas l’émergence d’une grande penseuse de l’âme humaine, ses tribulations de femme dans un monde d’hommes, sa soif de justice et de liberté pour les peuples du monde qu’elle affectionnait tant au-delà de son travail de chercheuse et de professeure. Engagée politiquement, défenseuse des droits des femmes, elle se heurta à une société patriarcale faite d’idées reçues qu’elle s’efforçait de déconstruire. Sa vie fut tour à tour tragique, comique et romanesque avec toujours en ligne de mire « Le goût des autres » et Le sel de la vie (Ed. Odile Jacob, 2012). Françoise Héritier considérait sa vie comme « ordinaire », la lecture de ce livre vous laissera sans doute une autre idée, celle de l’irremplaçable.

C’est en 1991 que paraît Le monde de Sophie, véritable roman philosophique qui débutait par un petit mot laconique reçu par voie postale : « Qui es-tu ? ». Écrit par Jostein Gaarder, cette aventure faite d’étonnements et de questionnements fut traduite en 54 langues. Quoi de mieux pour à nouveau réfléchir, revisiter, découvrir ou redécouvrir 3000 ans d’histoire ? Sans doute une version en bande dessinée ! De 07 à 107 ans, c’est désormais possible grâce au travail de Vincent Zabus et Nicoby qui se sont appropriés la quête de Sophie pour en faire un 1er tome « La philo, de Socrate à Galilée » (Ed. Albin Michel, 2022). Cette version colorisée magistralement par Philippe Ory donne vie aux personnages. Pleine d’humour, la BD montre bien que la philosophie est aussi synonyme de « joie », de rires même si les interrogations sont profondes et bouleversantes. Vivement le tome 2 !

Et bonnes lectures à tous.

 

Une chronique par Sophie Sendra Toutes ses publications

Un commentaire pour “Chronique d’Automne – Coin Lectures

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *

Ce site utilise Akismet pour réduire les indésirables. En savoir plus sur comment les données de vos commentaires sont utilisées.

Articles similaires

Commencez à saisir votre recherche ci-dessus et pressez Entrée pour rechercher. ESC pour annuler.

Retour en haut