« L’enfer, c’est les autres. » – Sartre

Quoi ?

Parmi toutes les formes de torture, la pire que nous pouvons endurer est de subir le jugement des autres. Le poids de leurs regards nous confronte à nous-mêmes et aux choses que nous refusons d’admettre à notre sujet.

Contrairement à ce que l’on pourrait croire de prime abord, Sartre ne fait pas ici une ode à la misanthropie !

Cette citation est extraite de la pièce de théâtre Huis clos (1944), où trois personnages se retrouvent enfermés dans un enfer très proche du monde réel… Ici, pas de torture physique épouvantable incarnée par des démons : la plus grande souffrance est psychologique. Chacun devient le bourreau des autres, se condamnant ainsi mutuellement à une éternité de souffrance.

Pourquoi ?

C’est parce que les autres sont ce qu’il y a de plus important pour nous que ce jugement est lourd à porter. Par le biais d’autrui, nous prenons conscience de notre propre existence. C’est par la médiation de leur regard et du sentiment de honte qui en émerge que nous réalisons les conséquences de nos actes.

L’enfer serait ainsi la mise en lumière de nos parts d’ombre, et donc de qui nous sommes vraiment.

L’enfer sartrien s’opposerait donc à une vision du Paradis inhabité, non-altéré par les autres. Mais cette vision est aussi et surtout une manière de ramener l’enfer sur terre : comme le monde réel ne permet pas d’échapper aux relations sociales, nous sommes condamnés à les subir toute notre vie.

Qui ?

Celles et ceux qui ne vivent qu’à travers le regard des autres.

Celles et ceux qui font leurs choix uniquement en fonction de ce qui est attendu.

Celles et ceux qui se font des illusions sur ce qu’iels sont vraiment – que ce soit en se voyant bien pires ou bien meilleur.e.s que ce qu’iels sont en réalité !

Comment ?

En décidant d’assumer plutôt que de subir !

Pour dépasser l’angoisse et la culpabilité, rappelons-nous que nous avons notre liberté – de pensée et d’action, et que nous sommes en mesure de choisir notre manière d’être à chaque instant. Ce n’est pas parce que nous avons accompli des choses dont nous ne sommes pas fiers que notre identité reste figée.

  • Lâche ton compte Instagram et profite de l’instant présent au lieu de le mettre en scène
  • Lance-toi dans ces études de philosophie dont tu rêves, plutôt que dans celles de droit que tes parents veulent absolument pour toi
  • Ose te confronter à tes parts d’ombre : personne n’est parfait, et ce n’est pas en niant l’existence de ce qui est toxique en nous que nous pouvons espérer nous améliorer

Attention à ne pas surinterpréter l’idée de liberté ici, car Sartre est un humaniste, il ne s’agit pas d’ignorer les autres ! Pour lui, assumer sa liberté d’action et de penser implique d’avoir pleinement conscience de sa responsabilité vis-à-vis d’autrui.

Et n’oublions pas que la réciproque est vraie : les autres subissent également nos jugements sur eux, à nous de faire preuve d’indulgence et de compréhension.

Ce qui donne…

Le paradis, c’est se libérer du regard des autres.

 

Une citation décryptée par Marianne Mercier Toutes ses publications

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