« Le Prométhée définitivement déchaîné réclame une éthique qui empêche le pouvoir de l’homme de devenir une malédiction pour lui-même. » – Hans Jonas

Quoi ?

Dans son ouvrage Le Principe Responsabilité (1979), Hans Jonas remet en cause le caractère infini – c’est-à-dire illimité – du progrès scientifique, économique, technique et technologique. Il affirme l’avènement urgent d’une nouvelle éthique globale, élargie à la planète entière et aux générations futures, qui protégerait ainsi l’être humain de ses propres dérives et excès.

Dans le Protagoras, Platon raconte le mythe de Prométhée. Ce dernier est un titan qui a volé le feu aux dieux pour le confier à l’être humain, permettant ainsi à l’espèce d’évoluer vers la technique, la civilisation et la maîtrise de la nature. Pour le punir du vol, Zeus l’enchaîne sur une montagne et le condamne à avoir chaque jour le foie dévoré par un aigle.

Pourquoi ?

Avec l’avènement des révolutions industrielles et technologiques, Prométhée, allégorie du pouvoir humain sur lui-même et sur la nature, s’est “déchaîné” en deux sens : d’une part il s’est libéré, et d’autre part il exprime sa puissance sans limite. La science est devenue toute-puissante, l’économie débridée, et la technologie transforme l’être humain et la nature jusque dans leur essence même (manipulation génétique, énergie atomique et nucléaire, big data, intelligence artificielle…).

Ce déchaînement technoscientifique impacte la dignité humaine et celle de la nature par la destruction de divers écosystèmes.

Ainsi, l’enjeu majeur de notre temps est de forger à Prométhée des chaînes nouvelles, qui contraindront la toute-puissance technoscientifique à se responsabiliser en accord avec l’espace global, celui du vivant et du non-vivant, ainsi qu’envers le temps long, celui des générations futures.

Qui ?

Cette nouvelle éthique, esquissée par Hans Jonas, s’adresse :

En priorité aux communautés scientifiques, aux experts, aux financeurs et aux politiciens qui décident des axes d’évolution des sciences, de l’économie et des technologies.

Aux parents, naturellement soucieux du soin de leurs enfants et de leur descendance.

Enfin, aux citoyens qu’elle souhaite sensibiliser et responsabiliser face aux enjeux majeurs de notre temps.

Comment ?

Pour Jonas, la peur peut nous pousser à agir et à inventer des solutions alternatives. C’est ce qu’il appelle l’heuristique de la peur : il s’agit d’imaginer les scénarios les plus sombres pour l’avenir, afin de nous permettre de mieux les prévenir et les anticiper par la peur qu’ils suscitent en nous. En témoignent les scénarios des rapports du GIEC (Groupe Intergouvernemental des Experts pour le Climat) qui dressent des probabilités d’avenir de plus en plus sombres en matière d’évolution climatique, et qui invitent à activer des forces de réaction politiques, économiques et citoyennes.

Mais par-delà de la question de la peur, nous sommes particulièrement appelés à nous interroger au quotidien sur les impacts globaux et long-termes de nos actions en ayant à l’esprit le vieil adage : « Mieux vaut prévenir que guérir. »

Ce qui donne…

Qu’« un grand pouvoir implique de grandes responsabilités », comme le partage gravement Ben Parker à son neveu en passe de devenir Spider-Man, dans le film éponyme de Sam Raimi (2002).

 

Une citation décryptée par Tristan Bitsch Toutes ses publications

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