Quoi ?
Les opprimés jouent un rôle dans la domination qu’ils subissent : c’est parce qu’ils l’acceptent qu’elle peut se mettre en place et se perpétuer.
Citation à l’origine incertaine, elle est pourtant couramment attribuée à La Boétie et a le mérite de résumer l’œuvre de ce penseur. Le discours de la servitude volontaire était à l’origine une simple dissertation rédigée par La Boétie alors qu’il était encore étudiant. Ce court texte est parvenu à traverser les siècles car il dit quelque chose d’universel sur la nature humaine.
Attention à ne pas caricaturer les propos de La Boétie, il n’est pas contre le gouvernement et l’obéissance, mais contre la soumission à la tyrannie !
Qui ?
Le peuple ! Face à la tyrannie, il serait facile de considérer que les responsables sont des masses aveuglées… Pourtant, cette masse n’est-elle pas composée d’individus parfaitement capables de sens critique ?
Pourquoi ?
Puisqu’on n’a jamais vu quelqu’un ne pas souffrir de sa servitude, La Boétie considère que la liberté est naturelle. Dans ce cas, pourquoi servons-nous, alors que nous ne sommes pas soumis à une force à l’état brute ? Pour lui, le désir de liberté peut parfaitement s’accompagner d’une volonté de servitude.
Ce constat suppose que la légitimité du pouvoir ne va pas de soi, aucune domination ne peut se prévaloir d’un fondement naturel.
Comment ?
1) L’habitude, la tradition : si on est né dans un état de servitude, on ne peut pas regretter quelque chose que l’on a pas connu.
2) La ruse des tyrans pour abêtir leurs sujets : il est dans l’intérêt d’un pouvoir tyrannique de maintenir les individus dans l’ignorance de tout ce qui pourrait les attirer vers la liberté.
3) La chaîne de soumission : un tyran est soutenu par quelques hommes, eux-mêmes soutenus par une centaine d’autres hommes, et ainsi de suite, jusqu’à ce que la totalité d’un territoire soit soumise à une même autorité.
Ce qui donne…
Si on est privé de liberté, c’est parce qu’on la délaisse !
Pour qu’il y ait un maître, il faut un esclave.
ou plutot en faut-il plusieurs!
Il est dommage de placer en titre de votre analyse intéressante et claire, qui va à l’essentiel dans un langage accessible, une erreur commune. La Boétie n’a jamais écrit cette phrase, ni dans le “Discours de la servitude volontaire” ni ailleurs. Ce qui s’en approche le plus est : “Les grands ne sont grands que parce que nous sommes à genoux : levons-nous !” dans un discours prononcé par le député girondin Pierre Vergniaud en 1792. La Boétie était au cimetière depuis belle lurette.
Effectivement, la citation émanerait du rédacteur principal du ” Journal des Révolutions de Paris ” Armand – Elyzée LOUSTALLOT …
Si l’on ne peut même plus se fier aux profs de philo…
Dans le même genre, Emile Pouget écrivait dans la profession de foi du Père Peinard: “Il n’y a pas de tyrans; il n’y a que des esclaves; car là où personne n’obéit, personne ne commande”.
Plotin a écrit: si les riches sont forts et puissants c’est à cause de la lâcheté de leurs sujets.
Et du soutien que leur apportent avec beaucoup de complaisance les lois mises en place par les politiques que le peuple faute d’alternative acceptable met lâchement au pouvoir.