« S’engager en philosophie c’est un peu comme s’engager dans un grand chantier : le rôle de l’animateur est d’outiller les enfants pour pouvoir y creuser différentes pistes. » – Amélie Pinset

Les « ateliers de philosophie pour enfants » sont une pratique philosophique dont on parle de plus en plus, qui était aussi l’un des sujets centraux de la Journée Mondiale de la Philosophie organisée par l’UNESCO le 14 novembre 2018.

Mais sait-t-on plus concrètement de quoi il s’agit : d’où vient la pratique de la philosophie pour enfants ? Comment se déroulent les ateliers ? Quel est le sens de cette pratique philosophique dans l’éducation aujourd’hui ? Comment se former, que l’on soit philosophe ou non, pour pouvoir mener des ateliers ?

Pour vous « outiller » sur ce chantier philosophique, nous sommes allés à la rencontre du maître d’œuvre Amélie Pinset, animatrice de philosophie pour enfants, clown, et formatrice au sein de la fondation SEVE.

Je peux vous dire que le maître n’est pas toujours celui qu’on croit, une figure de « sachant », qui fait peur par sa culture et son érudition… Bien au contraire, il est plutôt accessible et ouvert, une sorte de « non-sachant » au sens d’un guide, un accoucheur… ça vous rappelle quelqu’un ?

La Pause Philo : Bonjour Amélie ! Peux-tu nous parler de ton parcours ? Comment en es-tu arrivée à être animatrice d’ateliers de philosophie pour enfants ?

Amélie Pinset : J’ai commencé par une licence en Philosophie puis un master en Sciences Politiques, je souhaitais faire un mémoire de recherche sur le courant de l’Humanisme civique, qui souligne notamment l’« importance de la citoyenneté ». Mais j’ai justement pris conscience que je n’étais pas en train de réaliser pleinement ma citoyenneté en écrivant un mémoire qui allait seulement être lu par une poignée de personnes spécialistes du sujet…Alors la même année, je suis partie faire un chantier de bénévoles dans le milieu de l’animation avec les enfants en Italie, et ça a été une véritable révélation !

Revenue en France, j’ai fait une pause dans les études en effectuant un an de Service Civique dans une association d’éducation populaire, La Ligue de l’enseignement du 93, où j’étais chargée d’animer des ateliers sur les questions du vivre ensemble et de la lutte contre les discriminations. Ca passait notamment par l’animation de débats, et je me suis rendue compte que je posais souvent la question aux enfants du « Pourquoi ?». C’était ma formation en philo qui revenait !

Forte de cette expérience, je suis allée me former en Belgique, à l’ « Animation de Communauté de Recherche Philosophique », puis j’ai suivi le cours d’ « Observation en philosophie pour enfants » proposé par l’Université LAVAL du Québec (à distance depuis la France). C’est là que j’ai commencé concrètement à travailler comme animatrice de philosophie pour enfants. Enfin, il y a deux ans, j’ai soutenu un mémoire de recherche intitulé « La philosophie pour enfants, une pédagogie de la libération des enfants » au Centre de Recherches Interdisciplinaires (CRI) de Paris.

Quelle méthode pour animer un atelier de philosophie ?

LPP : Quelle est ta démarche pour animer les ateliers ? As-tu un objectif précis ?

A. P. : Ma démarche s’inscrit dans le courant du fondateur de la philosophie pour enfants, Matthew Lipman. Dès le départ, ce philosophe et pédagogue américain a pensé que l’enseignement de la philosophie pour enfants devait passer par une transformation de la classe en une « communauté de recherche philosophique ». Cela implique d’abord un changement de la position de l’adulte par rapport aux enfants : ce n’est plus un « sachant » mais un « cochercheur », et les enfants aussi. C’est-à-dire qu’il n’est pas là pour partager son savoir en histoire de la philosophie mais pour accompagner les enfants à penser par et pour eux-mêmes. Et pour cela, il va les stimuler dans le développement de leurs « habiletés de pensée ». Par exemple, quand un enfant va soutenir une idée, il va lui demander « Pourquoi penses-tu cela ?», pour l’amener à trouver un argument à son idée.

Les « habiletés sociales » des enfants sont aussi encouragées par cette pratique car elle s’inscrit dans une pédagogie coopérative : il ne s’agit plus de mettre en compétition les différentes idées les unes contre les autres mais plutôt de les rendre complémentaires, d’apprendre aux enfants à penser ensemble.

Dans les ateliers de philosophie pour enfants, il y a un objectif d’éducation à la pensée et à la citoyenneté, mais on pourrait plutôt parler d’aspirations car ce n’est pas objectivement mesurable… Mais l’objectif général c’est de transmettre la démarche de la philosophie en elle-même, non pas comme un contenu de savoir particulier mais plutôt comme une méthode de recherche. Un peu comme une enquête scientifique qui ne passerait pas par des expériences avec des tubes à essai, mais par des expériences de pensée. S’engager en philosophie c’est un peu comme s’engager dans un chantier, et le rôle de l’animateur philo c’est d’outiller les enfants pour pouvoir creuser dans les différentes pistes de ce chantier.

Qu’est-ce qu’un atelier philosophique ?

LPP : Qu’est-ce qui donne son caractère « philosophique » à un atelier avec les enfants ? En quoi est-il différent par exemple, d’un atelier de conversation ou d’éducation civique ?

A. P. : Il ne suffit pas de mettre les enfants en cercle et de leur donner la parole pour dire que c’est un « atelier de philosophie ».

Un dialogue philosophique se distingue d’une simple conversation dans la mesure où les participants, accompagnés par l’animateur, s’engagent dans un processus de recherche.

Cela suppose qu’on puisse constater une certaine évolution dans la discussion : les idées formulées par les enfants ne seront pas juste juxtaposées mais articulées les unes avec les autres, dans le but de formuler des raisonnements, qui constituent des réponses à la question de recherche départ.

Pour que ce processus de recherche philosophique puisse s’installer, une pratique régulière des ateliers et étendue dans le temps est préférable. En effet, au début les enfants en sont au stade d’exprimer directement leurs idées, mais petit à petit, ils en viennent à développer différents processus de pensée pour élaborer de véritables raisonnements. Or ce sont ces processus de pensée qui sont essentiels à l’atelier philosophique. Parmi eux, sans exhaustivité, on retrouve : l’argumentation, la conceptualisation, la problématisation et la contextualisation. Par exemple, si lors des premiers ateliers on demande à un enfant ce que c’est qu’« un ami » il répondra spontanément en donnant le nom de son meilleur ami. Mais petit à petit, avec l’aide de l’animateur philo, il apprendra à définir ce que c’est qu’un ami, en donnant par exemple les caractéristiques spécifiques qu’il revêt pour lui : le fait d’aimer les mêmes choses, de partager des moments agréables ensemble, etc. L’animateur amène aussi les enfants à prendre conscience des habiletés de pensée qu’ils développent au cours d’un atelier : il y a un côté « méta » sur le « comment » on pense, qui est très important : « comment on s’y est pris pour avancer dans notre cheminement de pensée ? ».

Dans un autre registre, l’atelier de philosophie se distingue de l’atelier d’éducation civique en ce qu’il n’a pas de thématiques prédéfinies : en philosophie, on peut parler de tout. Néanmoins, l’atelier de philosophie est un moyen de faire de l’éducation à la citoyenneté en acte, quelque soit le sujet, car il développe l’esprit critique ainsi que des habiletés sociales comme la coopération notamment.

L’esprit critique est une compétence fondamentale pour les enfants du XXIème siècle. Sur le thème d’internet, par exemple : d’un côté, c’est magnifique de pouvoir avoir accès en quelques clics à tout ce que l’on cherche, mais d’un autre cela peut s’avérer risqué, on peut notamment prendre pour acquis des informations ou opinions qui ne sont pas fondées. A ce moment là, l’esprit critique sert à discerner les différents niveaux d’informations que l’on possède. On observe aussi actuellement une montée des extrémismes et des dogmatismes, l’esprit critique est plus que jamais nécessaire pour lutter contre ce phénomène là.

Les outils de l’atelier philo : du roman à la méditation, en passant par le clown

LPP : Quels sont les outils que tu utilises pour animer un atelier ? Le clown et la méditation que tu pratiques personnellement en font ils partie ?

A. P. : Le temps d’un atelier de philosophie pour enfants s’étend en moyenne de 45 min à 1h30. Le plus souvent, la discussion philosophique ne constitue qu’une partie de l’atelier. Pour le reste du temps, on peut utiliser de nombreux autres outils pédagogiques…

Au début, j’utilisais beaucoup les romans philosophiques de M. Lipman, qui a dès le départ créé un matériel spécifique pour sa méthode. Ce sont des romans philosophiques dont les protagonistes sont les enfants, dans leur expérience de vie quotidienne. Ces lectures permettent aux enfants de s’identifier aux personnages, de sentir qu’ils ne sont pas tout seuls à réfléchir sur des sujets existentiels…

Actuellement, je m’appuie sur une revue belge, Philéas & Autobule, dans laquelle on peut trouver des histoires, des bandes dessinées, des jeux ou des activités artistiques. C’est très intéressant de partir de différents supports dans le but d’éveiller le questionnement en fonction de la sensibilité de chaque enfant. En effet, pour certains, la lecture pourra sembler trop scolaire, et passer par des dessins ou des jeux sera plus efficace pour les emmener vers le questionnement philosophique.

“La joie est partout”

En ce qui concerne la méditation, elle est pour moi très complémentaire de la philosophie. Parfois, certains philosophes ont des réticences, mais selon moi elle permet de développer une pleine présence, très précieuse pour être plus attentif à ce qui se passe dans l’atelier philo. Elle permet notamment d’être plus attentif à ses propres idées mais aussi aux idées des autres, à écouter de manière plus qualitative. La méditation redonne aussi une place au corps, parfois trop oublié en philosophie… Concrètement, je commence tous mes ateliers avec les enfants par une « pratique de l’attention ». C’est un rituel pour bien entrer dans l’atelier. Le but n’est pas forcément de les calmer mais plutôt d’être présent à ce qui se passe en eux : s’ils sont agités, l’idée c’est d’être présent à cette agitation. En philosophie il n’y a pas une bonne réponse, de la même manière qu’en méditation il n’y a pas une bonne manière de respirer. Par là, on peut sortir du « bon » comportement ou de la « bonne » réponse souvent attendue en temps scolaire.

Le clown, lui, est très relié à la philosophie par rapport à la posture : ils partagent tout deux l’étonnement vis à vis d’eux-mêmes, des autres et du monde.

J’ai expérimenté une fois un atelier où les enfants vivaient l’expérience de clown : je leur ai donné des nez rouges à chacun et expliqué le rituel du clown pour le mettre. A partir de ce moment là, ils devaient essayer de redécouvrir le monde pour la première fois et donc de développer un regard d’étonnement à partir de ce qu’il y avait autour d’eux. On a ensuite créé un cercle de parole pour recueillir les ressentis et les questions suscitées en eux, c’était très intéressant !

Les ateliers philo dans le système éducatif

LPP : Comment les ateliers de philosophie pour enfants peuvent s’inscrire dans le système éducatif, aujourd’hui en France ?

A. P. : La fonction des ateliers de philosophie dans l’éducation française aujourd’hui, c’est notamment d’amener les enfants à s’interroger sur le sens de ce qu’ils font à l’école, mais aussi en dehors. Cela nous conduit à concevoir cette pratique non pas seulement comme une heure supplémentaire qu’on ajouterait à un programme et qui serait coupée des autres disciplines, mais plutôt à l’intégrer de manière générale au système éducatif, dans le but de changer le rapport des enfants à l’éducation et de les inscrire dans une posture active de recherche.

Les ateliers, lorsqu’ils sont suivis, ont un impact réel sur le reste de l’école. Que ce soit sur les temps scolaires ou périscolaires, pour l’enfant comme pour l’enseignant.

Du côté des enfants, ça change leur manière d’être, à la fois vis à vis d’eux mêmes, mais aussi visa vis des autres : ils apprennent à écouter davantage leurs camarades, à s’enrichir de leurs idées, à voir en eux des personnes qui pourraient les accompagner dans leur développement de pensée. Ainsi, ce n’est plus simplement l’enseignant qui est ressource mais aussi les camarades.

De ce point de vue, l’enseignant de son côté peut-être déstabilisé. Je me souviens d’une enfant qui avait pratiqué durant un semestre la philosophie, qui était revenue me voir parce qu’une professeur de mathématiques l’avait disputée car elle avait posé des questions sur le sens d’un exercice… Cela montre bien qu’il peut y avoir certaines réticences chez l’enseignant ou simplement des peurs. Il peut en venir notamment à se demander si son rôle a toujours un sens dès lors qu’il perd son autorité au niveau du savoir. Pourtant, son rôle pédagogique reste très important, c’est sa posture qui change. Elle devient plus égalitaire…

 

Exercer en tant qu’animateur d’ateliers

LPP : Quel est le cadre du métier et quels sont les employeurs ?

A. P. : Pour ma part, je travaille en tant qu’ « animatrice de philosophie pour enfants » pour une association d’éducation populaire nommée Les Francas, qui œuvre pour les droits de l’enfant. L’association a lancé des ateliers de philosophie parce qu’ils permettaient de répondre à l’exercice du « Droit à la liberté de pensée et d’expression des enfants ». J’interviens dans le cadre des temps d’activités périscolaires (appelées TAP à Paris) les mardis et vendredis après-midi au sein de l’école.

Je travaille aussi pour la Mairie de Paris en tant qu’animatrice plus généraliste, sur les temps de l’interclasse du midi et du mercredi après-midi. Mais là aussi, on peut mettre en place des ateliers de philosophie (en étant plus souple, car c’est un temps purement récréatif).

Sur les temps de TAP, j’ai des enfants toutes les semaines sur un trimestre donc ça me donne la possibilité d’avoir un suivi, très important selon moi comme je l’ai mentionné plus haut. De plus, comme je travaille depuis plusieurs années avec la même association, j’ai des enfants qui en sont à leur 3ème ou 4ème année de philosophie. On observe de vraies évolutions !

Plus largement, on peut aussi pratiquer la philosophie pour enfant dans les classes, en étant enseignant ou intervenant extérieur dans le cadre de l’enseignement moral et civique, dans les médiathèques, aussi.

Récemment, j’ai fait une intervention dans une boutique avec parents et enfants et c’était très intéressant de voir les parents découvrir leurs enfants sous un autre jour : ils développaient des idées auxquelles ils ne s’attendaient vraiment pas !

On pourrait créer un événement dans un parc à Paris et inviter les enfants et parents à venir participer ! Il ne faut surtout pas se restreindre…

Aujourd’hui je ne vis pas que des animations philo car je travaille également comme animatrice plus généraliste et comme formatrice. Je pense que ce n’est pas impossible de ne faire que ça mais ce n’est actuellement pas mon cas. C’est aussi un choix de ne pas travailler à temps plein et d’avoir une diversité de missions de travail…

Se former à l’animation d’ateliers

LPP : Tu es formatrice d’ateliers de philosophie pour enfants au sein de la fondation SEVE, peux-tu nous en parler ?

A. P. : Les parcours SEVE sont nés de la passion de Frédéric Lenoir pour la philosophie pour enfants et son envie de la démocratiser au maximum. Elles accueillent un large public : enseignants, professionnels du milieu de l’enfance (psychiatres, animateurs, éducateurs, etc.) mais aussi des non professionnels, simplement intéressés par la question éducative, notamment des parents.

Le parcours se déroule sur quatre week-ends, avec un focus sur la pratique d’animation d’ateliers de philosophie pour enfants (1), mais pas seulement. Elle comporte aussi trois autres axes. D’abord la transmission des notions de philosophie (2) car la grande majorité des stagiaires n’ont pas fait d’études de philosophie, il s’agit donc de leur donner certaines bases et aussi de les rassurer. Vient ensuite la pratique de la relation bienveillante à l’enfant (3), car certaines démarches d’animation ne s’inscrivent pas dans ce rapport bienveillant. Enfin, la pratique de l’attention (4) qu’on pourrait aussi appeler la méditation. Cette combinaison unique constitue selon moi la grande richesse de cette formation.

Personnellement, je trouve ça particulièrement intéressant de pouvoir travailler avec le public adulte, et parfois c’est presque encore plus étonnant ! En effet, il y a souvent plus de couches de conditionnement chez les adultes, par rapport à l’attente de la « bonne réponse », à l’idée qu’il faut forcément « produire quelque chose » à la fin d’un atelier, etc. Pour les participants, cette formation leur apporte de nombreux apprentissages qui vont leur servir aussi bien d’un point de vue professionnel que personnel, car cela les transforme aussi dans leur manière d’être.

Devenir animateur d’ateliers philo pour enfants

LPP : Des conseils pour nos lecteurs LPP futurs animateurs ?

A. P. : Aller pratiquer pour eux-mêmes et voir si la pratique leur plaît réellement, par exemple dans des ateliers philo pour adultes. Un bon animateur, ce n’est pas juste un technicien des ateliers philo mais une personne qui a aussi une passion pour cette pratique du dialogue philosophique. Or cette passion ne peut naître que si l’on va soi-même se confronter à la pratique…

En tant que formatrice, je mets un point d’honneur à ce que la formation SEVE soit très pratique, mais aussi ensuite à ce que les participants persévèrent, qu’ils se réunissent et continuent à pratiquer entre adultes et à expérimenter. C’est une des clefs pour la réussite des ateliers !

Personnellement, je lis moins de philosophie que lorsque j’étais étudiante mais je continue de pratiquer la philosophie avec d’autres adultes et amis sous forme de communauté de recherche philosophique : j’ai créé il y a deux ans le « Club philo » au Centre de Recherche Interdisciplinaire (C.R.I) de Paris, dans lequel à chaque séance une personne différente anime l’atelier, à partir d’un texte, d’un jeu ou d’une photo. Je vis la philosophie de manière beaucoup plus collective et vivante qu’avant !

Pour aller plus loin :

Une interview réalisée par Juliette Didier-Champagne Toutes ses publications

Un commentaire pour “« S’engager en philosophie c’est un peu comme s’engager dans un grand chantier : le rôle de l’animateur est d’outiller les enfants pour pouvoir y creuser différentes pistes. » – Amélie Pinset

  1. Avec des ce2, nous avons travaillé notamment la question de rupture, à travers le texte du Petit Prince. Ateliers de moins de 10 enfants, partagés en deux groupes avec la maîtresse. Le dialogue progressif est en effet un échange des deux parts. Les enfants réclament ces temps de réflexions guidées. Merci pour cet article, pleins de bonnes pratiques !

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