Nous pouvons dire que la simplicité est devenue le luxe suprême ! Dans nos sociétés de surabondance soumises au règne de la complexité, il est facile de se laisser submerger et perdre de vue l’essentiel. Si la simplicité en elle-même peut être perçue comme une forme de naïveté ou de légèreté, elle devient une fois combinée à d’autres forces un atout indispensable : permettant de mettre nos idées au clair dans une situation complexe et de dénouer de nombreux conflits, elle est au final une ouverture sur le monde et une quête d’apaisement.
Décroissance, sobriété heureuse, minimalisme… Autant de termes constituant les symptômes d’une nostalgie du lien perdu avec la nature et d’une forme d’universalisme, où les choses seraient suffisamment simples pour être comprises par tous instantanément. La simplicité devient alors vertu et les idées vraiment simples tiendraient du génie…
Nous présenterons dans cet article les aspects concrets que peut revêtir l’idée de simplicité une fois appliquée à notre vie quotidienne, mais aussi à l’économie et au politique.
SIMPLIFIER SA VIE PAR LE DESENCOMBREMENT
Pour ajouter plus de simplicité dans notre mode de vie, la sagesse bouddhique zen peut être d’un grand secours : nous forçant à nous habituer à un rythme plus lent, elle nous permet de prendre du recul sur nos actions. En appliquant ces principes, nous sommes rapidement amenés à revoir la pertinence de la plupart de nos achats…
L’exemple de Béa Johnson et de sa Zero Waste Home ne laisse personne indifférent : en 4 ans, sa famille a produit l’équivalent d’un bocal en déchets. Ce résultat n’a été obtenu qu’à partir d’une considérable remise en cause du mode de vie occidental classique et à un rejet total du « jetable ». Ce long processus a entrainé une simplification radicale de la vie quotidienne de l’ensemble de la famille, avec une réduction drastique du nombre d’objets dans la maison. Votre armoire est pleine, mais portez-vous réellement tous les vêtements que vous possédez ?
Votre appartement a besoin d’être désencombré ?
– Pour aller à l’essentiel il faut d’abord savoir trier et être capable de définir ses besoins précisément. Réunissez tout en un même endroit et choisissez uniquement les choses que vous aimez et que vous utilisez régulièrement.
– L’étape suivante pose plus de difficultés dans nos sociétés où l’abondance matérielle est souvent perçue comme une source de sécurité, mais pourtant il faut bien y passer : savoir éliminer. Jetez ou donnez, si vous n’avez pas porté ce vêtement au cours des 5 dernières années il n’y a aucune raison pour que cela change, ne soyez pas sentimental.
– Enfin, l’organisation de ce qui reste est primordiale et doit être effectuée avec le plus grand soin : il faut que cela soit beau, qu’il y ait de l’espace autour des objets restants et que vous puissiez les saisir facilement.
Procédez petit à petit, une étagère à la fois (une par semaine est un objectif tout à fait raisonnable) et savourez cette légèreté !
SIMPLIFIER SA VIE C’EST BIEN, MAIS EST-CE QUE L’ON NE POURRAIT PAS ETENDRE CE PRINCIPE A D’AUTRES DOMAINES ?
• Le design et l’informatique
La facilité d’utilisation et l’intuitivité des outils informatiques sont désormais de mise dès lors qu’il s’agit de viser un public large. L’évolution du système d’exploitation Windows est un exemple frappant en la matière : l’affichage est simplifié au maximum pour les utilisateurs, si bien qu’un enfant est capable de maitriser l’outil.
Avant/après (ça change oui)
L’évolution des logos est également intéressante à observer, le changement récent de celui Google a d’ailleurs fait beaucoup parler de lui à cause de son côté jugé trop enfantin. C’est pourtant la facilité de lecture qui est ici de mise : la typographie se devant d’être lue facilement partout dans le monde, l’empattement des lettres a été supprimé, sur le même principe que la « Parisine » du réseau de transports de la ville de Paris.
Anticipation de l’évolution du logo Google, vue d’artiste
• Le management
Si autrefois la simplification des tâches se manifestait par une systématisation abrutissante, aujourd’hui les entreprises allègent leur fonctionnement par le biais de toutes autres démarches ! Marre de passer par de multiples échelons hiérarchiques afin de faire parvenir à vos supérieurs la moindre requête ? Des méthodes de management se multiplient afin d’offrir plus d’autonomie aux employés et leur permettre de communiquer plus facilement avec le reste de l’entreprise.
Le milieu informatique s’avère particulièrement innovant dans le domaine, notamment avec l’usage des méthodes agiles. Ces méthodes permettent de développer un projet en groupe en impliquant plus amplement le client dans son élaboration, permettant ainsi une plus grande réactivité de l’équipe. Basées sur les individus, leurs interactions et collaborations, ces méthodes permettent une évolution souple des projets, pour une plus grande efficacité.
Plus largement, les systèmes holacratiques permettent de constituer chaque équipe au sein d’une entreprise en unité autonome, apte à prendre ses propres décisions pour elle-même. Autrement dit, il s’agit de considérer les acteurs comme étant les premiers intéressés par leurs conditions de travail : à eux de décider directement de la façon dont ils vont atteindre leurs objectifs…
• La décroissance, ou l’abondance frugale
La décroissance est une simplicité volontaire : il s’agit de réfuter l’idée selon laquelle la croissance économique est indispensable, en se mettant à consommer de façon raisonnable et sobre et donc à décroitre en se limitant uniquement à nos besoins réels. Par essence, la décroissance s’oppose également au « développement durable » qui ne serait au final qu’une forme de réhabilitation de la croissance : il s’agit au contraire de reconsidérer et restructurer les modes de production et de consommation dans leur ensemble, dans le respect des rythmes naturels et lents. La décroissance recoupe de nombreux thèmes et, finalement, va jusqu’au bout de l’idée de simplification :
– La réduction de ses achats pour se limiter au nécessaire
– L’efficacité énergétique et les sources d’énergies renouvelables
– Une remise en question du rapport au travail, le plein-emploi semblant désormais impossible à atteindre
– La lutte contre l’obsolescence programmée et le tout-jetable
– Le refus du changement pour le changement et de la course aux innovations
– …
La décroissance ferait-elle de la simplicité l’utopie ultime ?
J’aurais préféré : « La simplicité aide à la sophistication suprême », car elle ne l’implique pas nécessairement, même si la complexification non justifiée ne peut qu’être un frein pour l’atteindre.
Imaginez. Vous faites les plans d’un appartement. Vous faites son symétrique horizontal et leur deux symétriques verticaux. Vous obtenez de la façon la plus simple un étage dans lequel il ne vous reste plus qu’à mettre les parties communes.
Vous empilez ces plans sur 25 étages et vous obtenez de la manière la plus simple une tour de 100 appartements. Vous reproduisez cette tour 20 fois sur la même parcelle et vous obtenez 2000 appartements qui vous permette de loger 10 000 personnes de la manière la plus simple. Par soucis de simplicité, vous évitez de prévoir au pied de ces tours des commerces, des écoles, et des aires de loisir. Aurez-vous alors atteint la sophistication suprême ? J’en doute.
Toutefois, il faut éviter de tomber dans l’excès inverse. Il y a par exemple plus de 600 000 lois en France, et chaque fait divers nous apporte son lot de lois nouvelles. Est-ce que la complexité de nos lois nous apporte la sophistication suprême ? Certainement pas non plus, et ce n’est pas en en rajoutant 100 000 ou 200 000 qu’on l’atteindra.
En revanche, lorsque Maxwell a simplifié notre vision des forces électromagnétiques, en les unifiant en un système de 4 équations, il ne nous a peut être pas apporté la sophistication suprême, mais la simplification qu’il a apporté aux théories existantes a fait faire un tel bond à nos connaissances que peu d’homme a autant apporté à l’humanité. Pourtant, au cours des 150 ans qui ont suivi, la théorie de Maxwell a débouché sur des applications de plus en plus complexes qui nous ont permis de voir l’univers à ses premiers instants, de voir en temps réel le fonctionnement des cellules grâce à l’imagerie de résonance magnétique, et bien d’autres choses encore. Alors, ce n’est toujours pas la sophistication suprême, mais c’est quand même sérieusement impressionnant.
Ce que l’on peut en conclure, est que complexifier pour complexifier n’a aucun intérêt : cf les lois françaises ; mais que le simple n’est pas une fin en soi mais plutôt une base solide sur laquelle s’appuyer pour progresser vers le complexe utile.
Il a suffit de 4 bases d’ADN pour créer sur Terre l’ensemble des organismes qui y vivent, dans toutes leurs diversités et leurs complexités, et c’est cette diversité et cette complexité qui fait le charme de notre environnement qui serait vraiment terne dans le cas contraire, comme peuvent l’être ces citées HLM où tous les bâtiments sont pareils alors qu’avec les mêmes parpaings et un peu de diversité et de complexité, on n’aurait pu créer des lieux de vie bien plus agréables engendrant sans doute beaucoup moins de problème.
J’adhère à votre commentaire, et ces exemples concrets.
Toutes ces idées et suggestions sont intéressantes et même si je ne prétends pas être un décroissant militant, l’idée me plait et je tente d’en être quand même, je consomme en suivant les saisons, je limite les emballages, j’essaie de me contenter de moins mais pour la blague, pas facile de trouver une nana qui adhère sans être non plus une militante, j’ai l’impression que c’est plus dur pour les femmes de se détacher du confort acquis!
ne prenez pas cela de travers, c’est ma seule analyse mais elle vaut pour expérience quand même…
C’est vrai coté « Nana » c’est pas évident, ceci dit je penses -expérience faite- que les suissesses et certaines orientales ont vécu dans cet état d’esprit.