Quoi ?
Animal, l’humain s’inscrit en continuité avec l’ordre naturel, à la suite des minéraux, des végétaux et des autres animaux. Toutefois, métaphysique, l’humain outrepasse cet ordre – meta-physis, en grec : au-delà de la nature.
Cela signifie que l’humain est apte à prendre de la distance vis-à-vis de la nature ; il peut dès lors avoir le recul nécessaire pour prendre la nature comme objet de réflexion.
Pourquoi ?
Schopenhauer constate que « hormis l’homme, aucun être ne s’étonne de sa propre existence » (Le monde comme volonté et représentation, Compléments, chapitre 17).
Le prix de ce pas métaphysique, c’est d’avoir à réfléchir sur sa propre condition : métaphysique, l’homme est cet animal qui ne peut pas ne pas s’interroger sur son sort.
Là où l’humain s’inquiète, l’animal non-métaphysique reste en repos, vivant pleinement adéquat au mouvement qui, dans l’ordre naturel, est le sien propre. C’est donc par contraste avec la « quiétude du regard de l’animal » (ibid.) que Schopenhauer fait entendre l’inquiétude de l’animal humain et le qualifie de « métaphysique ».
Ce qui étonne, c’est ce qui, d’abord, heurte, mais qui, ensuite, donne lieu à un questionnement. Il y a le choc : vivant, l’humain est voué à la souffrance et à la mort ; puis viennent les interrogations, dites existentielles. Métaphysique, l’humain se préoccupe et s’inquiète de la nature, en général, mais également, en particulier, de sa propre nature.
Qui ?
Cette inquiétude humaine, c’est d’abord l’enfant qui, confronté aux événements qui l’entourent, ne cesse de demander des explications à l’adulte : pourquoi, pourquoi, pourquoi ?
Cette inquiétude humaine, c’est ensuite et plus généralement la crise existentielle où est plongé celui qui, pareil à Roquentin, le personnage principal de La Nausée de Sartre, prend conscience de ce qu’il existe et de ce qu’exister implique.
Comment ?
Qualifier l’homme de « métaphysique », c’est nous rappeler l’humilité qui nous oblige. L’humain est substantiellement animal et, en cela, nous n’échappons pas à la juridiction naturelle. Penser que nous nous exceptons des êtres naturels relève de l’illusion. Or, il s’agit là d’une illusion dont nous ne saurions être excusés – nous qui, métaphysiques, connaissons notre appartenance à l’ordre naturel, aux côtés des autres êtres naturels.
Ce qui donne…
Vis-à-vis de la nature, prenons nos responsabilités proprement humaines !
A mesure que les chercheurs découvrent la richesse de l’existence animale – les animaux peuvent tisser des relations sociales complexes, sont capables d’innovation, éprouvent de la souffrance, font preuve d’empathie… – on prend conscience de la démesure de l’anthropocentrisme.