Quoi ?
Le moi ne serait pas le propriétaire de son chez lui, et serait en quelque sorte abrité par un autre être que lui.
Le moi peut se définir comme mon individualité, comme ce que je suis. Il me désigne en tant que sujet. Il peut alors sembler tout à fait logique de le considérer comme mon habitant, voire comme mon instigateur : le moi serait ce qui me distingue des autres en tant que sujet, et en tant que tel, il serait ce qui guide mon action. Le moi serait donc l’auteur de moi-même, et donc de lui-même.
Or, comment se fait-il que le moi ne puisse pas être chez lui en lui-même ?
Pourquoi ?
Tout simplement parce que je ne suis pas conscient de toutes mes pensées et de toutes mes actions. Freud s’oppose ici aux philosophies du sujet qui défendent l’idée selon laquelle le moi serait l’auteur conscient de toutes ses actions, idée héritée du cogito cartésien. Si je sais que je suis, si j’ai conscience que j’existe, alors le moi serait en permanence conscient du fait qu’il est et de ce qu’il est.
Nos pensées surgissent la plupart du temps sans l’intervention consciente du moi. Le moi n’est pas toujours en train de réfléchir à ce sur quoi les pensées vont se pencher. D’ailleurs, lorsqu’on me dit de ne pas penser à un rhinocéros, eh bien j’y pense ! Ce qui montre que je ne suis pas totalement en mesure d’agir sur ce qui se produit… en moi.
Dès lors, le moi ne serait pas maître dans sa propre maison : non pas qu’il habite une maison qui n’est pas la sienne, mais plutôt qu’il n’est pas en permanence en train de contrôler ce qu’il se passe chez lui. Il y a des choses qui lui échappent : c’est ainsi que Freud justifie l’hypothèse de l’existence d’un inconscient.
Qui ?
Tout le monde est concerné, car il s’agirait là de la structure même de notre cognition. Mais cette idée implique un certain nombre d’enjeux pour les psychanalystes et les philosophes, qui doivent composer avec cette hypothèse d’un inconscient. Comment apprendre à se connaître s’il y a des choses qui nous échapperont toujours ?
Nous pouvons parfois sentir que notre inconscient tente de nous parler : lors d’un rêve ou suite à un acte manqué, comme s’il tentait de nous faire prendre conscience de quelque chose… dont nous n’avons pas conscience.
Mon corps peut aussi intervenir et tirer la sonnette d’alarme pour me prévenir d’un excès d’activité dont je ne voulais pourtant pas entendre parler.
Comment ?
Si le moi n’est pas une conscience absolue, cela implique pour nous de ne pas connaître certaines choses qui se produisent en nous. D’une certaine manière, cette absence de connaissance s’apprend :
En prenant de la distance avec les injonctions à être responsable de tout ce qui provient de nous ! Je peux désirer être mince sans me l’avouer, car j’ai pu, sans en avoir conscience, intérioriser certaines représentations sociales du corps.
En relativisant le pouvoir de se contrôler : je ne suis pas pleinement conscient de mes réflexes ou de mes habitudes au moment où je les réalise. Par contre, je peux, à force d’analyses réflexives, tenter d’en avoir conscience pour pouvoir ensuite agir dessus.
Ce qui donne…
Je ne suis pas toujours conscient et responsable de moi-même !
Mais je suis libre de ma personnalité et de la conscience que j’ai de mon moi quand je transcende par ma pensée la raison dont elles recèlent. Lire Kant si vous en avez la possibilité, notamment la dernière traduction récente remarquable de la critique de la raison pure d’Alain Renaut. Sigmund Freud et son pansexualisme, c’est de la psychanalyse, mais pas de la vraie philosophie.
qu’est-ce que la vraie philosophie ?
Disqualifier la psychanalyse, air connu, stratégie éventée… Depuis quand, d’ailleurs, celle-ci a-t-elle prétendu être de la « vraie philosophie » ? Et qui peut se targuer d’une aptitude à décerner le titre de « vraie philosophie » à telle ou telle discipline de la pensée ? Y aurait-il une nouvelle Académie des Césars en la matière ?
Par ailleurs, qu’est donc un commentaire critique où l’auteur se pose d’emblée comme « libre de sa personnalité et de la conscience qu’il a de [son] moi », sinon une manifestation assez ironiquement éclatante d’un refoulé qui tape à la vitre et d’un surmoi affolé qui monte une digue de sacs de sables pour ne pas l’entendre ? Hou-hou… Vite conjurons le fantôme (fantasme ?) du « pansexualisme » !!
De surcroît, l’étalage de références kantiennes n’a aucune utilité ici. On peut avoir lu Kant et adhérer aux thèses freudiennes.
Allons, bonne transcendance ! Et bonne chance pour vivre avec ses propres résistances…
J’aimerais avoir l’introduction de cette citation
Traduction de „Der Mensch ist nicht Herr seiner selbst“
j’ai besoin d’une référence, dans quelle partie de quelle livre Freud explique cette affirmation: le moi n’est pas maître dans sa maison. MErci