Coin lecture – Quand la Philosophie est partout où le regard se pose

En ces temps troublés, il faut bien tenter de se rapprocher de certaines lectures qui nous donneront peut-être des réponses à la question kantienne « Que nous est-il permis d’espérer ? ». Au travers d’un petit florilège d’ouvrages, nous porterons notre attention sur l’histoire d’un arbre pas comme les autres, nous relirons les paroles d’un humaniste, nous découvrirons les « smombies », nous verrons ce qu’un philosophe hégelien dit du monde et enfin ce que la philosophie apporte à notre santé mentale. Faire Sens, faire ensemble, faire philosophie, faire réflexion mais Faire, voici le mot d’ordre ou plutôt le verbe d’action qui favorise la cogitation. Lire veut dire « recueillir avec les yeux », alors cueillons et recueillons ensemble dans un monde qui semble se diviser.

Et si les arbres parlaient et nous racontaient notre histoire ? C’est le pari fou de Franck Lirzin dans son ouvrage Quand un arbre raconte le monde (Ed. De l’Aube). De sa naissance au Paris d’aujourd’hui, Robinier 1er nous contemple, nous raconte et se raconte. Un arbre témoin de notre histoire qui semble perplexe à la vue de cette espèce humaine étrange, conflictuelle, guerrière qui ne peut s’empêcher de voir en la nature une chose à conquérir plutôt qu’à préserver. Un roman d’aventures et de réflexions sur ce que nous devons repenser. La parole d’un arbre ça compte !

 

Il est d’autres paroles à relire, celles de Robert Badinter. Au travers d’un recueil, Éric Fottorino et Laurent Greilsamer ont rassemblé discours, entretiens de l’infatigable avocat disparu en 2024. Dans Justice toujours (Ed. De l’Aube) les sujets défilent, les textes sont courts et percutants, ils peuvent aussi faire réfléchir et questionner sur le monde tel qu’il est et tel qu’il pourrait être si nous prenions la mesure de ce que veulent dire les mots vérité, liberté et droits de l’Homme. Un petit ouvrage où l’on « entend » encore la voix d’un grand humaniste.

 

En parlant de ce qui fait humanité, avez-vous déjà croisé des « smombies » dans les rues de nos villes ? Ce néologisme est composé de « smartphone » et de « zombie ». Il désigne ce que à quoi nous sommes toutes et tous confrontés, des êtres hybrides – dont nous faisons peut-être partie sans nous en rendre compte – que nous croisons, que nous heurtons et qui nous heurtent – au sens propre comme au figuré –, qui se rendent « absents » au monde dans des déambulations, la tête baissée vers l’écran captivant qui enferme dans les espaces ouverts de nos villes. Comment ces villes et ces espaces se sont transformés en ce XXIème siècle avec l’utilisation des smartphones et autres écrans ? Comment repenser une ville du futur post-écran ? Les villes comme support d’une réhumanisation des relations sociales et de notre environnement, ce sont les interrogations que propose Hubert Beroche dans Smombies (Ed. De l’Aube). Une belle réflexion tout en mouvements.

 

Pour poursuivre cette réflexion sur notre humanité, Franck Fischbach, philosophe hégélien, s’interroge sur le Faire ensemble (Ed. Du Seuil). En parcourant et en critiquant parfois les écrits de nombreux penseurs, F. Fischbach veut dépasser la simple expression du « vivre ensemble » pour mieux « faire ensemble » dans une construction bio-sociale. Cette composante souvent oubliée permettrait selon lui de reconstruire une « œuvre commune » contre les dominations politiques et économiques. Un livre qui permet une pensée critique sur ce qui est à inventer pour un monde apaisé. Une philosophie sociale en somme qui ne peut se faire qu’avec un engagement réciproque entre les individus.

 

Et si la philosophie permettait une nouvelle lecture de ce que nous appelons « la santé mentale » ? Il existe un lien très étroit entre la philosophie et les domaines du psychisme. Beaucoup de penseurs, de philosophes dans les domaines des Sciences Humaines et de ce que nous appelons désormais les anthropologies, se sont interrogés sur cette thématique devenue tour à tour « cause nationale », programmes de politiques et de santé publiques à l’échelle mondiale. Mais comment cerner ce que l’on entend par « santé mentale » ? Que devons-nous critiquer dans ce qu’a été et ce qu’est notre regard sur les maladies mentales ? De Platon à Binswanger en passant par Foucault et les philosophes de l’antiquité, les textes proposés par Eva Liévain dans cet ouvrage collectif permettent une synthèse de ce que nous pouvons interroger en nous mais aussi questionner sur les sociétés et leur histoire à ce sujet. Philosophie et Santé mentale (Ed. Armand Colin, préfacé par Cynthia Fleury), permet un autre regard sur ce phénomène.

 

Une chronique par Sophie Sendra Toutes ses publications

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