« Lâchez prise en 10 leçons », « Apprenez à vous connaître », « Soyez vous-même », etc. : autant d’expressions qui se retrouvent, en substance, dans les titres de ces livres qui ont fleuri d’une manière presque exponentielle ces dernières années, au rayon « développement personnel » des librairies et dans leurs vitrines.
Se connaître soi-même : tiens, tiens… voilà une expression qui n’est pas étrangère à la philosophie. Si elle est certes originellement cette maxime inscrite au fronton du temple d’Apollon, à Delphes, la figure de proue de la philosophie – Socrate – lui a donné une coloration éminemment philosophique.
« Connais-toi toi-même », Socrate
Mais pourquoi donc chercher à se connaître soi-même ? Quoique il la détourne de son sens originel tout autant que de son sens philosophique, le développement personnel subordonne cette maxime à l’idée selon laquelle il faudrait « être soi-même » – expression qui se pare d’une valeur injonctive. Or, intimer d’être soi-même, n’est-ce pas suggérer que l’on puisse ne pas être soi-même ? Mais n’est-on pas toujours déjà et toujours encore soi-même ?
« Peut-on ne pas être soi-même ? »
Si c’est en se connaissant soi-même que l’on est garanti de devenir, puis d’être et, enfin, de demeurer soi-même, cela reviendrait à dire que la personne – et, par suite, la personnalité – tient à un mouvement de la volonté ; je veux, je suis. Or, « quelle est la valeur d’une personnalité qui prétend s’être construite selon sa propre volonté ? Si tout est transformable, nos jugements, nos croyances, nos pensées, nos comportements, et même nos émotions. »