Quoi ?
Un extrait du Traité Politique de Spinoza qui résume la démarche du philosophe dans son analyse des comportements humains.
Ce n’est pas une condamnation des sentiments ou passions au profit de l’intellect et de l’analyse.
C’est une proposition de réconciliation entre la raison et les passions souvent opposées au cours de l’histoire de la philosophie.
Pourquoi ?
Parce que rares sont ceux qui essayent de comprendre les passions humaines sans porter de jugement moral.
Spinoza s’oppose, avec cette citation, à l’idée selon laquelle la pensée et la raison doivent déterminer les sentiments. Pour lui, croire que le libre arbitre s’autodétermine seul et uniquement par la raison relève de l’illusion.
En effet, même quand la raison modère ou condamne certaines passions, elle est souvent sujette à des passions qu’elle ignore.
Vous savez, c’est un peu l’histoire du serpent qui se mord la queue…
Qui ?
Les philosophes et purs intellects qui ne pensent être soumis qu’à leur libre arbitre. Mais cela s’adresse aussi à tous ceux qui préfèrent se moquer (rire), s’indigner (pleurer) ou condamner (haïr) les mauvais usages de la raison.
Se moquer, s’indigner, haïr sont pour Spinoza des passions tristes qui éloignent de l’action dans le rapport que nous entretenons avec nous-même. Quand elles sont dirigées à tort vers les comportements humains, cela condamne pour le philosophe à la passivité.
Soyez donc positif et riez avec sincérité !
Comment ?
Comprendre les comportements humains et les passions comme des phénomènes naturels et nécessaires est libérateur : cela affranchit des désirs et des croyances qui poussent à imaginer le réel tel qu’il n’est pas.
Ne confondons pas liberté et ignorance.
Comme l’ensemble des éléments de la Nature, l’homme est dans sa conduite également soumis à des lois naturelles : des passions.
Comprenons sans jugement qu’il n’y a aucune véritable séparation entre nos ressentis et notre connaissance intellectuelle
Etre attentif au dialogue entre la raison et les passions libère de l’illusion du libre arbitre et permet de ne pas se sentir condamné à subir.
En comprenant, l’homme devient actif.
Acceptons que nos sentiments et nos ressentis ne sont pas des défauts mais des témoins de l’évolution de notre rapport à nous-même.
Ce qui donne…
Connaitre les limites de sa liberté rend libre et permet à l’homme se réaliser en tant qu’être rationnel. En bref, au repas de Noël, ne pleurez plus la stupidité de votre oncle raciste…
René Char a traité la question avec la formulation suivante : la lucidité est la blessure la plus rapprochée du soleil.
Analyse très politiquement correcte ce que la pirouette finale confirme si besoin était. Spinoza a clairement dit vouloir comprendre , plutôt qu’haïr, moquer ou prendre en pitié mais jamais de « réconcilier » quoique que ce soit. Tout est à l’envi. On a la désagréable impression de lire un devoir de terminale. Pour une pause philo, c’est un peu court.